HUMIDITE

ern. mise à jour le 18/4/2003)

Voilà un sujet qu’il faudrait aborder dès l’école primaire, tant il crée de litiges et énervements par pure ignorance !… En effet, rien n’est apparemment plus difficile que de faire admettre que de nombreuses humidités prises pour des dégâts des eaux, ne viennent pas d’infiltration extérieure mais ont une origine intérieure, par condensation !

La cause en est probablement dans la confusion entre aération et ventilation. Une insuffisance de ventilation peut exister même en l’absence de véritable confinement, et certains comportements d’économie de chauffage conduisent à neutraliser une partie des ventilations naturelles ou intentionnelles crées par le constructeur, entraînant des phénomènes de condensation.

Conditions d’apparition de l’humidité de condensation

Un local vide n’est humide que s’il y a infiltration d’eau en provenance de l’extérieur. L’eau qui s’infiltre mouille les matériaux, et de surcroît, en s’évaporant, maintient un taux de vapeur d’eau élevé dans l’air.

Dans le cas d’un local occupé, notamment en habitation, il existe d’autres sources de vapeur d’eau : la respiration des occupants (source beaucoup plus importante qu’on ne le croît habituellement, les champions étant… les bébés !), le séchage du linge (source très importante également : il suffit de constater pour s’en convaincre la différence de poids du linge mouillé et du même linge après séchage), la vapeur crée par la cuisson, la vapeur d’eau des salles de bains et salles d’eau, et enfin plus marginalement celle des certains appareils de chauffage à combustion à l’air libre…

Cette vapeur va se condenser sur les parois dès lors que le taux de vapeur contenu dans l’air atteint le taux de saturation. Or celui-ci baisse très fortement avec la température ; c’est pourquoi la condensation commence sur les parois froides et les vitrages (lorsqu’ils ne sont pas isolants) ; par contre, elle se généralise dès que la saturation gagne la totalité de la masse d’air.

Comment reconnaît-on l’humidité de condensation ?

En fait elle se reconnaissent très facilement :

– l’humidité d’infiltration imbibe la paroi de l’intérieur, et crée rapidement des auréoles ; il n’y a pratiquement jamais de gouttelettes accrochées à la paroi ni de ruissellement de surface ; elle ne provoque que rarement de moisissures apparentes ; elle apparaît la plupart du temps sur une fissure ou à la jonction de deux matériaux (maçonnerie et menuiserie notamment) ;

– l’humidité de condensation apparaît en l’absence de toute fissure ou juxtaposition de matériaux, elle mouille la paroi en surface, crée des gouttelettes évoquant la rosée (qui au demeurant est le plus parfait exemple d’humidité de condensation) et ruisselle ; prolongée, elle provoque des moisissures : celles-ci sont adhérentes losqu’elles sont vivantes et tombent en poudre lorsqu’elles sont mortes, c’est à dire quand l’humidité a cessé.

Bien entendu, ces deux types d’humidité ne se produisent pas non plus aux mêmes endroits, les humidités de condensation ayant par nature une prédilection pour les endroits protégés des courants d’air et les parois froides.

Les dangers de l’humidité

L’humidité est l’un des plus graves facteurs de dégradation de la qualité de l’air intérieur des logements. De récentes études ont sensibilisé le monde du bâtiment ; avec l’amélioration de l’étanchéité de l’enveloppe des bâtiments (alors que les constructions traditionnelles était très perméables à l’air), le taux d’humidité à l’intérieur des logements a augmenté. Cette préoccupation se révèle particulièrement sensible dans les régions où les températures extérieures, basses en hiver, engendrent une condensation sur toutes les surfaces où la température est inférieure au point de rosée (niveau de saturation) de l’air ambiant.

L’humidité d’infiltration a pour conséquence le développement de moisissures et de bactéries au sein des matériaux, accompagné de l’émission de substances odorantes et irritantes.

L’humidité de condensation augmente le risque d’infestation par les acariens et favorise sur les surfaces qu’elle humidifie la prolifération fongique (moisissures) et bactérienne.

Les moisissures sont à l’origine d’un large éventail de pathologies pour les personnes qui y sont exposées de façon prolongée, ce qui est le cas quand il s’agit de l’habitation : les plus fréquentes sont les allergies, avec en tête l’asthme, les enfants étant les plus exposés avec une respiration plus rapide et un développement respiratoire inachevé.

Les allergies sont dues principalement aux spores que les moisissures diffusent dans l’air pour se reproduire.

Mais elles produisent aussi de puissants agents inflammatoires qui sont à l’origine d’irritations des yeux, du nez, de la gorge, associés à de la fatigue et à des maux de tête. Enfin , plus exceptionnellement, elles produisent des mycotoxines qui peuvent avoir des conséquences dermatotoxiques, immunotoxiques et cancérigènes. Leur inhalation peut provoquer des maladies très graves. Les trichothécènes produites par Stachybotrys atra ont été incriminées, chez de très jeunes enfants, dans des hémorragies pulmonaires mortelles. Cette moisissure se développe particulièrement dans les bâtiments après des dégâts des eaux. Les spores mortes sont encore allergisantes et toxiques. L’espèce Aspergillus versicolor, la seconde espèce la plus fréquente, selon une étude réalisée sur cent trente maisons belges (76,1%), produit une toxine cancérigène appelée la sterigmatocystine…

Enfin, l’humidité et en particulier celle de condensation produit des émissions toxiques par la dégradation chimique de certains matériaux de construction comme les revêtements de sol en PVC, le béton, les chapes de ragréage, etc.

Comment lutter contre l’humidité de condensation ?

Tordons le cou à une idée reçue qui résiste : on n’évite pas la condensation en  » aérant  » le logement : ouvrir les fenêtres pendant un temps limité n’évacue que le trop-plein de vapeur d’eau, et de façon temporaire ; en effet, d’une part le taux d’humidité de l’air ne descendra pas en dessous de celui de l’air extérieur (par temps humide ce n’aura donc aucun effet), et même si le taux d’humidité intérieur baisse, la source d’humidité restant présente, il remontera dès la fin de l' » aération « .

Deux moyens seuls sont de nature à remédier au problème :

– Supprimer les points froids par isolation des murs au moyen d’isolation extérieure ou de pose doublages intérieurs ; par ce moyen, on supprime les condensations intervenant en air non saturé ; bien entendu, on ne supprime pas ainsi les condensations intervenant en air saturé

– Assurer une bonne ventilation des pièces du logement et notamment des pièces humides pour amener le taux d’humidité de l’air en dessous du taux de saturation ; si une ventilation statique (ventilations hautes et basses) peut suffire pour les premières, une ventilation mécanique est souvent nécessaire pour les secondes (elle peut être continue ou ne fonctionner que lorsque le local est utilisé) – la création d’une installation de ventilation mécanique, lorsqu’elle n’existe pas, doit évidemment être accompagnée de création d’entrées d’air de gabarit suffisant ; bien entendu, lorsque de tels dispositifs existent, encore faut-il qu’ils soient et restent opérationnels, c’est à dire qu’il ne soient pas obstrués par l’encrassement et a fortiori qu’ils ne soient pas bouchés pour économiser du chauffage…

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